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Retour sur l´événement "Cadenas globales de valor y el desarrollo sostenible - oportunidades y desafíos"

Palabras de apertura

Alexander Mora, ministre du Commerce Extérieur (COMEX) et président du Sistema de Integracion Economica de Centroamerica (SIECA) a ouvert les discussions dans la matinée du jeudi 4 mai.

« C’est une discussion fondamentale {que nous allons avoir} compte tenu de notre environnement économique, des modèles de management et d’investissement dont nous disposions, et des défis posés par l’intégration du développement durable et de la responsabilité sociale des entreprises dans les chaînes globales de valeur »,  a-t-il considéré.

Selon Alexander Mora, la croissance économique ne saurait, en aucun cas, dégrader les droits des travailleurs et l’environnement. Le ministère a ensuite évoqué de nouveaux marchés pour des projets plus justes et plus respectueux de l’environnement, employant l’expression chaîne « verte » de valeur (ie la production d’énergie renouvelable au Costa Rica).

En ce sens, il a souligné le renforcement de la coopération entre l’Union Européenne et l’Amérique centrale par l’intermédiaire d’une chambre de commerce dédiée, dans le cadre de l’accord d’association. De la même façon il a insisté sur les engagements de tous les acteurs, publics et privés, individuels et collectifs, pour le respect de l’agenda 2030 et des accords de Paris.

Pelayo Castro, ambassadeur de l’UE au Costa Rica, a ensuite pris la parole, confirmant la volonté de renforcer le lien entre l’UE et l’Amérique centrale.

« Nous fêtons le 7ème anniversaire du traité de Rome en Europe, mais l’heure n’est pas à la fête. Nous traversons une période où les doutes et les critiques se multiplient, à l’égard du système, de la bureaucratie… (…) Or, nous sommes ce système, et il est de notre devoir de proposer des solutions collectives, car il n’y a pas de solution nationale » a-t-il relevé. Pour Pelayo Castro, l’UE et le Costa Rica doivent ainsi travailler main dans la main pour intégrer les aspects sociaux et environnementaux dans la globale chaîne de valeur, et en accroître sa valeur.

Selon lui, les PME doivent être placées au centre de cette transformation, dans la mesure où elles représentent les trois quarts des entreprises au Costa Rica et 90% dans l’UE. Or, ne comptant que pour un tiers des exportations, elles doivent affirmer leur capacité à diversifier leur production, à en améliorer la qualité et la valeur ajoutée, en bref à perfectionner leur avantage comparatif.

Pelayo Castro a enfin évoqué l’importance de veiller à l’égalité hommes-femmes pour atteindre un vrai modèle de développement durable. En outre il a qualifié le processus d’adhésion du Costa Rica à l’OCDE de « levier » pour favoriser l’intégration du pays et sa progression en faveur des droits sociaux et environnementaux.

 

Sesión 1 : Cadenas globales de valor, panorama general, oportunidades y desafíos para el comercio y el desarrollo sostenible

 Ramon Padilla, chef de l’unité de développement économique de la CEPAL, a rappelé la définition d’une chaîne de valeur. Il s’agit de l’ensemble des activités et des étapes nécessaires à la transformation de la matière première, ou à la production même d’un bien ou service, en produit fini. A chaque étape un certain pourcentage est donc incorporé à la valeur finale.

Les chaînes globales de valeur mobilisent, autour d’un même produit, des réseaux et des entreprises implantés dans le monde entier, selon leurs avantages comparatifs (coût de la main d’œuvre, qualification, capacité technologique, etc…).  Les bienfaits étant attribués à cette division du travail sont connus : emploi, croissance des exportations, entrée de capitaux, de devises, d’investissements, produits de meilleure qualité, entre autres. L’iPhone est l’un des exemples les plus pertinents des chaînes de valeur, conçu en Californie, produit en Chine, et vendu dans le monde entier, dont Apple garde environ 60% de la valeur ajoutée.

A l’échelle mondiale, la chaîne globale de valeur se chiffre à 4223 milliards de dollars pour les composants et produits électroniques, et à 1319 milliards de dollars pour l’automobile.

Selon Ramon Padilla, les chaînes de valeur ne sont pas seulement économiques, mais constituent aussi une opportunité pour harmoniser les droits des travailleurs, améliorer la qualité de l’emploi, et garantir la protection de l’environnement.

Francisco Monge, sous-directeur du Comex, a ensuite souligné que les pays   émergents doivent occuper une plus large place, aussi bien au niveau de la pré-production (matière première, conception, R&D) que de la post-production (réseaux de distribution). A ce titre, le Costa Rica est l’un des cas les plus étudiés dans le monde, dans la mesure où il fait figure de petit pays émergent ayant réussi à diversifier ses d’exportations, le rendant plus résistant aux chocs économiques.

Joshua Quesada (Rau Precision Metals Costa Rica) a repris les principaux points évoqués précédemment, ajoutant que la quasi-totalité des exportations costariciennes étaient d’origine agricole il y a quelques années encore, et que le soutien des pouvoirs publics en la matière a permis à un grand nombre de PME de se lancer dans l’exportation, vers l’UE notamment.

Madelaine Tuininga, responsable de l’unité commerce et développement durable au sein de la direction générale du commerce de la commission européenne, a conclu ce premier panel insistant sur la nécessité de changer les mentalités et les valeurs qui prédominent dans les logiques économiques. Les exigences envers le rôle de la RSE en Europe comme au Costa Rica doivent se renforcer : lutte contre la corruption, respect des droits sociaux et environnementaux, amélioration conditions de travail… Ce n’est pas seulement un défi pour reconsidérer et améliorer nos chaînes de valeur, mais aussi une opportunité pour un monde meilleur.

 

Session 2 : Principios y directrices para cadenas de valor responsable

Silvia Lara, vice-présidente de l’Asociacion Empresarial para el Desarrollo (AED) a commencé par souligner quatre prérogatives pour être, selon elle, « responsable » : agir en adéquation avec la loi ; ne pas profiter de la faiblesse des infrastructures étatiques d’un pays pour abuser de l’environnement ou les conditions de travail ; maximiser les impacts positifs des productions ; être transparent. A cet égard, les banques doivent être plus responsables vis-à-vis des entreprises auxquelles elles octroient des crédits, et de leurs pratiques en règle générale, selon elle.

Githa Roelans, membre de l’OIT, a ensuite pris la parole. L’OIT agit aujourd’hui en faveur du « travail décent » selon le huitième objectif de l’agenda 2030. La déclaration des droits et principes fondamentaux de l’OIT a notamment éliminé le travail forcé, le travail infantile, les discriminations à l’embauche et a affirmé la liberté syndicale et de négociation collective. Cependant Githa Roelans rappelle que l’application de ces principes dépend des états et des législations nationales. Or, les droits des travailleurs ont tendance à régresser dans les chaînes de valeur globale, et beaucoup de travailleurs informels n’ont aujourd’hui ni couverture sociale, ni statut juridique.

Troisième interlocutrice, Cristiana Tebar (OCDE) a évoqué la ratification par le Costa Rica en 2013 des lignes directrices de l’OCDE pour les entreprises multinationales. Il s’agit d’un instrument juridique international en faveur de la RSE et de l’éthique des entreprises selon 10 critères dont : droits humains, droit des consommateurs, corruption, environnement… D’un côté, les pays signataires acceptent les investissements internationaux. De l’autre, ils doivent s’assurer que ces investissements soient « responsables » pour la chaîne de valeur. Sur ce point précis l’OCDE travaille en étroite collaboration avec les organismes syndicaux.

Pourtant, bon nombre de ces recommandations n’ont toujours pas encore eu de suivi législatif dans certains pays. A l’inverse, dans d’autres, à l’instar du Royaume Uni (UK Slavery Act) et de la France (loi sur le devoir de vigilance), la loi exige que les entreprises garantissent qu’il n’y ait pas de travail forcé tout au long de la chaîne de valeur, sur leur sol comme à l’étranger. L’objectif est de préserver la réputation des entreprises, et de limiter les conséquences juridiques et économiques. A cette fin l’OCDE préconise certaines lignes directrices de « due diligence ».

Alice Pedretti (CSR Europe) a enfin considéré la responsabilité des entreprises doivent en faveur du développement durable. Elles doivent aujourd’hui remettre en question certaines de leurs pratiques et de leurs habitudes, ainsi que celle de leurs partenaires.

 

Conclusion générale

La mondialisation a donné naissance à une répartition du travail qui se joue parfois de l’environnement et des droits humains les plus élémentaires. Le scandale de Foxconn en est l’un des exemples les plus flagrants. Souvent perçue comme la source de nombreux problèmes, cette division des tâches à l’échelle mondiale pourrait, au contraire, être la clé d’un monde meilleur, plus juste et durable. 

A ce titre l’ensemble des acteurs de la chaîne de production, publics comme privés, doivent au plus vite se soumettre aux directives de l’agenda 2030 et aux accords de Paris pour s’impliquer dans des chaînes globales de valeur « vertes ». Les pouvoirs publics, de leur côté, doivent élaborer les conditions et les outils juridiques pour améliorer la responsabilité sociale des entreprises et les chaînes de valeur. En parallèle, il relève du devoir propre à chaque entreprise d’étudier, en détails, les pratiques de ses fournisseurs et de ses clients.

Les PME, qui représentent aujourd’hui la grande majorité des entreprises, ont enfin un rôle fondamental à jouer. Elles doivent savoir tirer profiter de ces nouvelles chaînes de valeur pour apporter plus de valeur ajoutée et diversifier leur production. L’intérêt n’est pas seulement économique. Il est aussi social, écologique et moral. 

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